De Prisunic à Monoprix – deux marques liées par l’amour du beau
Jusqu’au 15 mai 2022, le Musée des Arts Décoratifs de la Ville de Paris célèbre l’histoire du design pour tous à travers une retrospective des deux plus grandes enseignes de distribution d’objets du quotidien : Prisunic et Monoprix.
Monoprix qui a fusionné avec Prisunic en 1997 s’est installé dans le paysage de notre quotidien comme une marque-repère, une marque qui adoucit les moeurs et nous fait du bien…
Comment une marque a-t-elle réussi à s’inscrire aussi agréablement dans notre psyché collective française ? Quel est ce “je-ne-sais-quoi” dont elle est garante et porteuse ? Subtilement, Prisunic et Monoprix ont oeuvré durant de longues années à cultiver et diffuser l’esprit du beau, une éthique de marque qu’ils ont toujours su préserver créant un pont rare et audacieux entre le monde de l’industrie et celui des arts.
Retour en 3 points clé historiques sur ce qui fait l’unicité de l’ADN de marque de “Prisu” et de “Monop” – un ADN reflétant une certaine quête de “l’art de vivre” ou l’art de bien vivre.
1. Allier l’utile à l’agréable
1936, « Satisfaire tous les besoins courants à moindre prix.”, tel est le credo de Prisunic, “Prisu” comme on l’appelait, alors que la France du gouvernement socialiste de Léon Blum est marquée par l’arrivée des congés payés et de l’accès élargi aux loisirs. Il s’agit de vendre bon marché au plus grand nombre des articles standards de grande consommation et à prix unique (5 à 6 niveaux de prix) dans une ambiance agréable et favorisant la vente : vaste et bien agencé, paré de couleurs, sur fond musical, et dotant d’un “bar de dégustation”, le Prisunic séduit une clientèle exclusivement féminine qui trouve « à portée de main » l’utile et l’accessoire.
Premier point clé : le “shopping” devient une expérience en soi. “Prisu” se place depuis la perspective du consommateur pour transformer l’acte d’achat en un moment de plaisir, de sociabilité, une promenade où le produit n’est plus seulement alimentaire mais devient aussi objet de convoitise, un objet qu’on peut manipuler sans pour autant l’acheter. Font leur apparition les objets à usage domestique, l’accessoire décoratif et ceux destinés au loisir. Prisunic invente un espace à rêver, à se projeter vers de nouveaux intérieurs et de nouvelles façons de vivre pour la ménagère française.
2. Mettre du beau là où ne l’attendait pas
Dans les années 50 « Le beau au prix du laid » devient le slogan culte de la marque initié par Denise Fayolle, directrice du style et de la promotion chez Prisunic. L’enseigne impulse alors les premières collaborations avec des créateurs. S’y côtoient les grands noms du design et du graphisme parmi lesquels Terence Conran – fondateur des magasins Habitat et The Conran Shop – qui participe au tout premier catalogue de vente par correspondance en 1968 présentant mobilier, luminaire et vaisselle. “La beauté n’est pas une question d’argent, mais une règle de vie” affirme Sir Conran.
Deuxième point clé : introduire le sens du raffinement et du beau à l’intérieur des foyers. Prisunic s’adresse à une clientèle populaire sans élitisme ni barrière sociale. Le grand créateur doit pouvoir côtoyer chaque famille française.
“Je crois que le but que nous avons recherché était de mettre à la disposition du grand public des meubles véritablement contemporains, c’est-à-dire qui ont été dessinés par des créateurs contemporains, à des prix qui sont des prix de diffusion normale et non pas des prix de diffusion confidentielle comme c’est le cas de plusieurs de nos confrères” Francis Bruguiere, directeur du catalogue Prisunic, propos recueillis en 1971.
1968 le premier catalogue de vente par correspondance de mobilier et d’objets contemporains créé par Prisunic et son chef de service du catalogue Francis Bruguiere.
3. Attiser la curiosité et sacraliser l’objet
En 1997, animés par une volonté égale de rendre le design accessible à tous, Prisunic fusionne avec Monoprix qui réaffirme « le plaisir de vivre à la française ». A travers ses fameuses “collabs”, Monop’ rythme chaque année avec ses collections pleines de joie de vivre à l’image des objets aux couleurs pop et pétillantes de la designeuse française d’origine Irano-égyptienne India Mahdavi.
Troisième point clé : attiser la curiosité et donner envie de revenir en créant des collections annuelles. Chaque collab’ Monoprix laisse une empreinte singulière dans les maisons des aficionados de design : Monoprix xYoussouf Fofana et maison Château rouge (2018), Monoprix x Constance Guisset (2017), Monoprix x Karen Mabon (2019), Monoprix x India Mahdavi (2017, 2020)…Il y a bien dans l’attention portée aux objets du quotidien une dimension rituelle. Certains objets qui nous entourent ont une signification cachée, une histoire, une anecdote à fleur de peau signée de la main d’un créateur mais aussi de celle ou celui qui a su écouter et apprécier son histoire. Monoprix fait naître en chacun le goût du bel agencement ayant à coeur de repeupler nos intérieurs (celui de nos maisons et celui de nos âmes) à grandes touches de surprises et d’émerveillement.
Ce sont in fine ces particularités qui ont sculpté l’ADN de marque de Monoprix avec le temps. Monoprix c’est aujourd’hui une histoire, un héritage mêlé à celui de Prisunic, mais aussi le témoignage d’une grande persévérance à défendre ses valeurs phare, beauté et accessibilité, au fil des années sans relâche et dans une inventivité sans cesse renouvelé, créant attachement et fidélité.
Maison Château Rouge, 2018
Collaboration avec Youssouf Fofana & Creative Handicrafts qui oeuvre en faveur des femmes des bidonville de Bombay. Une collection qui met à l’honneur les références stylistiques du continent Africain : le wax, l’indigo ou la vannerie. La collaboration est renouvelée en 2021 et cette fois-ci, c’est l’ensemble de la collection de mode et de déco qui est fabriquée en Afrique.
Maison Château Rouge, 2018
Collaboration avec Youssouf Fofana & Creative Handicrafts qui oeuvre en faveur des femmes des bidonville de Bombay. Une collection qui met à l’honneur les références stylistiques du continent Africain : le wax, l’indigo ou la vannerie. La collaboration est renouvelée en 2021 et cette fois-ci, c’est l’ensemble de la collection de mode et de déco qui est fabriquée en Afrique.
Karen Mabon, 2019
Illustratrice et designers écossaise, Karen Mabon imagine pour Monoprix un univers féerique composé d’animaux et personnages pittoresques.
Constance Guisset, 2017
Delicatesse et légereté caractérisent le travail de Constance Guisset. Diplômée de l’ENSCI en 2007, ses objets font partie de collections nationales comme la lampe Vertigo au CNAP ou la lampe Leviosa au Centre Pompidou).
Constance Guisset, 2017
Delicatesse et légereté caractérisent le travail de Constance Guisset. Diplômée de l’ENSCI en 2007, ses objets font partie de collections nationales comme la lampe Vertigo au CNAP ou la lampe Leviosa au Centre Pompidou).
India Mahdavi “Made in/by India” pour Monoprix, 2020
India Mahdavi, 2017, Xmas Summer
Une ode aux notes chaudes et parfumées des pays d’Orient qui réchauffent notre hiver européen. “Je puise mes inspirations dans mes souvenirs. Noël, à la maison c’était plus qu’une fête de famille, c’étaient les amis, les enfants, toutes générations et toutes cultures réunies. Ma mère avait un placard avec des cadeaux déjà prêts. C’était des gestes et des attentions pour chacun.” India Mahdavi.